je sens que le vent tourne.
je sens aussi que ça me retourne.
je pouvais jeûner pendant trois jours. je pouvais me priver de sommeil pendant quatre jours. je pouvais cesser de parler pendant une semaine. je pouvais me fouetter, me frapper, m'interdire de cligner des yeux.
je pouvais faire le tour du pâté de maisons toute nue. je pouvais me transformer en prostituée pour la soirée. je pouvais dormir dans la rue quelques nuits ou passer l'après-midi à quêter sur le trottoir. je pouvais voler quelque chose dans un magasin et me faire arrêter.
torture. quelque chose avec des insectes. je pouvais essayer de trouver une coquerelle et la manger. je pouvais élever des coquerelles dans mon appartement et les libérer. manger des vers de terre. faire un truc horrible avec mes propres excréments. me faufiler dans la cage d'un lion.
je pouvais me taillader.
je pouvais me blesser, me casser un doigt. briser une paroi vitrée avec mon poing.
un lavement.
regarder fixement le soleil.
et non. finalement, je suis resté assise chez moi.
mercredi
mardi
sacrament.
j'essais de mettre un pied devant l'autre et je me prend la chaussure sur le rebord du trottoir.
je ne suis pas là, du tout.
j'ai nul part où me pendre. (shit!)
et tout ce que je fais, je m'assis, les jambes repliées sous les fesses et je suis aussi stupide que les autres, sauf que je suis incapable de me sacrer la tête sous le jet d'eau froide. j'ai peur de l'hypothermie. c'est ça.
lundi
c'est si facile de frémir quand on change le goût d'un café.
un peu de sucre et puis on se demande pourquoi on s'entête à le boire amer.
(j'adore les euphémismes.)
samedi
je le porte au fond de moi, comme on porte un poumon, sans le savoir, puisqu'il est là depuis le tout début de l'éternité, la mienne.
il arrive toujours un moment au centre de ma nuit, quand je dors pas comme ce soir, un moment ou j'arrête mon cerveau et que je respire, je respire doucement et je sais qu'il vibre, dans la pénombre d'un lieu de galère.
et je vais au dessus de la ville, sans les lumières, sans les stops, sans les rues, sans les portes, et je fais seulement mettre ma main tout autours de son cou, et j''écris en petits bâtons d'allumettes ''hey, mon copain, je suis là''.
parce que ce soir, je sais pas pourquoi mais je suis certaine que j'aurais dû y être.
vendredi
je dors pas.
c'est fichu pour la nuit.
moi qui pensait que c'était suffisant d'avoir une robe crème glacée, je me suis mis la main dans le cul.
dieu que je suis vulgaire.
mardi
il y a de ces fichus matins, j'aurais du dormir encore quelques heures, pas me réveiller, pas maintenant.
et maintenant que je suis debout, les yeux fermés, oui je les garde fermés. très très fort, très très serrés.
je peux seulement couper le bout de rêve qui pend au bout de mes paupières, clic clic, ça tombe et je le balais et je le porte-poussière et je le jette.
les réveils savent tellement se faire brutaux.